mercredi 16 mai 2012

Salon des vins du Chianti Classico 2012: Felsina

C'est par une journée chaude que se tenait le Salon du Chianti Classico dans la petite salle au marché Bonsecour. Petite salle mais non mois lumineuse que celle qui fait le plus souvent office de lieu de rencontre pour les salons de vins, au même deuxième étage. Nous avons bénéficié d'un super service et bien que je ne me suis jamais rendu au buffet, les mouettes semblaient satisfaites.

Parlons rapidement de quelques points de repère sur l'appellation Chianti Classico. C'est une DOCG, c'est à dire Denominazione di Origine Controllata e Garantita, la plus haute certification de vins en Italie et ce, depuis 1984. On retrouve un symbole de coq noir dans un cercle rouge sur chacune des bouteilles de façon obligatoire depuis 2005. Le vin doit, selon le cahier de chartes, contenir un minimum de 80% de Sangiovese. On a un maximum de 4g/l de sucre, donc on parle d'un vin sec. Finalement, la mention Riserva inscrite sur la bouteille implique un minimum de 24 mois de vieillissement incluant au mois 3 mois en bouteille avant la commercialisation.

Nous avions l'honneur d'avoir à notre kiosque M. Giovanni Poggiali, un des trois frères qui s'occupent principalement du domaine. Ce domaine a été acquis par Dominic Poggiali Fèlsina en 1966. Giovanni est de la troisième génération de propriétaires. Tous les vins de ce domaines sont en mono-cépage: le Sangiovese, cépage roi de la Toscane.

Ses vins ont tous la même signature: souplesse, finesse, complexité. Ce sont des vins de terroir équilibrés. Voici un rapport qualité/prix dont l'arrivage est prévu pour fin août/début septembre.



BERARDENGA FELSINA CHIANTI CLASSICO 2009 (SAQ 898122 - 25,35$ millésime 2008 actuellement disponible) vin rouge sec


Ce vin était présenté en primeur aux participants du salon, car c'est le millésime qui trouvera son chemin sur les tablettes de la SAQ vers la rentrée des classes... si rentrée il y a. Un beau nez de fruits rouges et noirs, de cassis, de framboise et de mûre, de réglisse, de moka et de violette. La bouche est dotée d'une belle acidité, supérieure à celle du précédent millésime 2008, aussi en dégustation à notre kiosque. Affichant beaucoup de souplesse pour sa jeunesse, la texture des tannins est bien ficelée mais trahit aussi un potentiel de garde intéressant. Le fruit frais est mis de l'avant, sans chaleur d'alcool. À boire maintenant ou à conserver pour 5 à 8 ans.

mardi 15 mai 2012

Rioja: l'Espagne qualitative à bon prix

BERONIA RIOJA RESERVA 2006 (SAQ 11667231 - 19,50$) vin rouge sec


Élaboré à partir des cépages Tempranillo, Graciano et Mazuelo, ce vin de six ans d'âge a bénéficié d'un passage de 18 mois en fûts de chêne français et américains, suivi d'un minimum d'un an en bouteille avant la commercialisation. On prend souvent cet aspect pour acquis, mais pensez-y un instant. On travaille tout un été la vigne et ce n'est que deux ans et demi plus tard que le vigneron aura accès aux retombées financières de cette récolte. Combien d'entre vous sont payés presque trois ans après avoir accompli le boulot? Le gens boivent souvent du vin sans se poser de question, sans penser aux gens qui travaillent la terre, qui se font du souci quand on annonce un orage, qui se disputent à savoir quand est le meilleur moment de récolter, qui se cassent la tête lorsque la moisissure s'empare d'un lot. Le vin est un produit de luxe soit, mais un produit vivant qui est le résultat du travail de l'Homme et de l'impact de la nature. C'est en gardant en mémoire cette perspective qu'on arrive à apprécier à sa juste valeur un trésor vinicole.

Parlant de trésor, revenons à celui qui nous concerne, le Rioja reserva de Beronia. Le vignoble est la propriété de Gonzalez Byass, principalement connu au Québec pour sa gamme de Xérès, dont le fameux Tio Pepe. Son nez arbore des notes de fruits rouges bien mûrs, de cannelle, de menthe poivrée, avec une touche de boisé. Belle complexité pour le prix... Voyons la bouche...

La texture des tannins est très souple. Ces derniers sont enrobés, gourmands et juteux. Le fruit rouge mûr, la framboise principalement, domine les notes épicées, recluses au second plan, sans toutefois être effacées. Ce fruit est généreux et concentré. Nous l'accompagnons ce soir de farfales au magret de canard et brocoli à l'aïoli, un régal. À moins de 20$, c'est carrément une aubaine. Pour ma part, ça plante la richesse, le fruit et la texture de plusieurs vins de bordeaux valant le double.

Voilà comment impressionner ses amis sans se ruiner!

Enjoy!

Adam Drolet
adrolet@univins.ca
514.347.0245

lundi 14 mai 2012

Deux beaux blancs pour le homard: Chablis et Sancerre


CHABLIS LES VÉNÉRABLES VIEILLES VIGNES LA CHABLISIENNE 2007 (SAQ 11094639 - 27,25$) vin blanc sec


La saison du homard est enfin commencée, à temps pour la fête des mères. Cette bête des mers a certainement contribué à agrémenter le menu festif de plusieurs Québécois en fin de semaine. Les façons de l'apprêter sont multiples, mais chez nous, le BBQ était de mise. Rien de fancy, petit beurre aillé, des doigts sales, quelques blessures. On a beau vouloir manger rapidement, le homard est un symbole du slow food. C'est un repas qui s'étire dans le temps, où on doit travailler pour avoir son dû. La table est mise pour apprécier des beaux blancs qui mettent de l'avant la minéralité.

En voici un: ce Chablis a un nez à dominante de pomme, de fleurs blanches avec une touche vanillée qui laisse supposer un bref passage en fûts. S'ajoute à ce bouquet des arômes minéraux de coquillages sur une finale de miel, tout en délicatesse. La bouche est grasse (de plus en plus probables qu'il y ait du fût, mais superbement balancée par une acidité très pomme verte, c'est craquant. On a même la petite amertume de la pelure de la pomme verte, impeccable. Un mariage parfait avec le homard sur le BBQ!

JOSEPH MELLOT SANCERRE LA CHATELLENIE 2010 (IMPORTATION PRIVÉE ENVIRON 25$) vin blanc sec


Dans le même ordre d'idée pour la minéralité et le côté cristallin. On est sur un très beau fruit au nez, sur la poire et les agrumes. En arrière plan se dessinent des notes de caillou mouillé (comme l'odeur de l'asphalte chaude l'été lorsqu'il vient de pleuvoir). Puis on retrouve un côté crème fraîche très appétissant. Pas de barrique ici, la bouche est ronde mais pas grasse et bien que sec, on sent une très légère sucrosité comme de miel ou d'eau d'érable. On sent un fin gaz carbonique sur le bout de la langue, ajoutant au côté rafraîchissant. La finale qui s'étire est sur le côté confit de citron, pomme verte et fleur de trèfle.

Le homard ne fait que commencer, l'été aussi. J'aurai bientôt pour vous une petite dégustation de vins rosés, mais d'abord cette semaine, un compte rendu des vins offert à mon kiosque au salon des Chianti Classico mercredi, au marché Bonsecours.

Bonne semaine!

Adam Drolet
adrolet@univins.ca
514.347.0245

mercredi 9 mai 2012

Soirée gastronomique Léon Beyer

Hier soir au restaurant de l'hôtel le Crystal, la Coupole, se tenait notre souper dégustation en compagnie de Yann-Léon Beyer, oenologue co-propriétaire de la maison familiale Léon Beyer d'Alsace. Le domaine situé à Eiguisheim se trouve tout près de Colmar. Les vins qu'il produit sont le fruit d'un travail de plusieurs générations, depuis 1580.

La pluviométrie de l'Alsace est identique à celle de Perpignan, tout près de la frontière espagnole, beaucoup plus au sud. On se trouve donc dans un climat sec. C'est grâce à l'affluent du Rhin qu'on peut obtenir l'humidité nécessaire au développement de la pourriture noble. En fait, ce sont les Vosges, chaîne de montagne délimitant l'Alsace à l'ouest qui freinent les nuages de pluie. Par contre comme on est plus au nord, le risque de gel est plus important et c'est une des raisons qui expliquent la coupe en hauteur des ceps.



















Les vins de Beyer ont tous la même signature, ils sont secs, droits, équilibrés, mettant de l'avant le fruit et la fraîcheur. Les Beyer croient à la fermentation complète. La fermentation, c'est l'action des levures qui mangent le sucre contenu dans le jus des raisins pour le transformer en alcool. La plupart des maisons alsaciennes freinent cette fermentation pour conserver un sucre résiduel dans leur vins, mais pas la maison Beyer. Le sucre résiduel contribue à masquer le portrait du terroir mais apporte aussi une lourdeur sur un plan gastronomique, en plus de masquer les nuances subtiles des aromates d'un plat.

Nous avons eu droit à 7 vins issus de 4 cépages, soit 3 blancs (riesling, pinot gris et gewurtztraminer) et un rouge (pinot noir).

Voici mes coups de coeur:

RIESLING LES ÉCAILLERS LÉON BEYER ALSACE 2005 (SAQ 974667 - 35,25$) vin blanc sec


Nez de gomme de sapin, d'hydrocarbures, de confit de citron puis, après s'être ouvert, se distingue un généreux apport salin voir iodé, rappelant certains single malt écossais. Bref on s'attend à tout sauf quelque chose de sec, mais pourtant, la bouche grasse est tranchante, wow! C'est net et sec sur une dominante de zeste de citron. Pour ceux qui connaissent le réserve, en produit régulier à la SAQ, Les Écaillers nous réserve la même acidité pimpante mais avec l'onctuosité en prime, la minéralité dans le tapis, sans parler de la grandissante complexité à l'oxygénation que ne freinera seulement un verre trop peu rempli pour aller jusqu'au bout de ses ambitions.

RIELSING CUVÉE DES COMPTES D'EGUISHEIM LÉON BEYER ALSACE 2004 (SAQ 10844266 - 49,50$) vin blanc sec

Notes plus miellées et sur l'orange sucrée et le kiwi bien mûr, avec des relents de vaseline. La bouche toujours bien minérale rappelle les coquillages. J'ai été très impressionné par l'équilibre de ce vin qui a déjàà 7 ans d'âge. Pas de soucis car Yann m'a confirmé qu'il met facilement 20 ans à se bonifier. Je reviens sur le nez qui offre après avoir respiré des notes anisées de fenouil frais. Solide, solide, solide.

PINOT NOIR LÉON BEYER ALSACE 2010 EN PRIMEUR (2009 DISPONIBLE À LA SAQ) (SAQ 10789906 - 24,35$) vin rouge sec

Vin de soif sur des notes de petits fruits rouges, fraise des bois et griotte, légèrement épicé, doté d'une belle minéralité comme de graphite, avec une petite finale un peu poivrée. La bouche est fraîche avec une légère amertume en finale. Samantha a souligné un petit côté viandeux, que je confirme. Finalement, assez complexe pour un vin de soif...

GEWURTZTRAMINER VENDANGES TARDIVES LÉON BEYER ALSACE 2004 (SAQ 10481629 - 49,25$) vin de dessert


Une bijouterie comme l'a qualifié Yann, sur un nez de vieilles roses, d'écorce d'orage, de cardamome et de muscade, de litchis, j'ai le goût de brailler tellement c'est sublime, comme du miel de jouvence, avec encore une très nette acidité caractéristique de la signature Beyer, bref, un élixir de jouvence à partager avec ses meilleurs amis... ou pas. Qu'ils s'en paient une eux-même c'est trop bon. L'agencement avec la pistache au dessert était mémorable.

Merci de votre visite M. Beyer. En dégustant vos vins, mes souvenirs de voyage en Alsace en 2008 sont redevenus frais... comme une rose!