dimanche 10 mai 2020

La marche - s'abandonner en toute liberté

Les blessures récurrentes m'ont forcé il y a quelques années à passer de la course à pied à la marche. Pourtant, aucun autre exercice physique n'avait réussi à me procurer autant de satisfaction que la course. C'est donc résigné que j'ai adopté la version lente du déplacement pédestre.

Parfois, le chemin qu'on prend un peu à contre-coeur finit par s'avérer agréablement judicieux. La marche n'avait pas fini de me surprendre. Lentement mais sûrement, cette activité me paraissant d'abord anodine s'est dévoilée être une pléiade de possibilités. 

Parler de la marche comme d'un ensemble est réducteur pour cette activité si accessible. Parce qu'il existe plusieurs sortes de marche. La marche peut être courte ou très longue. Elle peut être sportive ou contemplative. On peut marcher en ville, en forêt, sur la plage ou encore en terrain accidenté. Il y a les marches en solo, en amoureux ou avec un enfant. Il y a celles qui sont imprévues et pour lesquelles on est mal équipé. Il y a celles où on se dépasse, puis celles qui s'avèrent trop difficiles. La marche peut servir d'inspiration, pour prendre des photos ou encore chercher son prochain sujet d'écriture. 

Mettre un pied devant l'autre, avancer, se mouvoir, enjamber, même sans destination. Approcher, déambuler, errer, se dandiner, même sous la pluie. Marcher d'un pas assuré et rapide vers un rendez-vous ou encore bifurquer de notre route initiale parce qu'un paysage attire notre attention. Trotter en sifflant notre bonne humeur ou se traîner les pieds en absence de motivation. Grimper une montagne pour en admirer le sommet ou encore s'aventurer pieds nus dans le sable pour qu'il caresse nos orteils. 

Je n'avais jamais vraiment pris le temps de réfléchir sur la marche. Tout ce que je savais, c'est qu'elle me faisait du bien. En ignorant concrètement les bienfaits, je me contentais de me dire que j'allais prendre l'air. Il y a deux mois environ, j'étais loin de me douter que ça deviendrait une des seules activités possibles. 

***

L'humain marche depuis toujours, mais force est d'admettre que la multiplication des moyens de transports ou la nécessité de parcourir en peu de temps une grande distance, font qu'on marche moins.
Qui plus est, certains prennent leur voiture pour aller marcher sur un tapis au gym. Mais dans sa simplicité, cette activité endossée par notre gouvernement en temps de crise a certainement fait de nouveaux adeptes.

Tout d'un coup, comme bien d'autres je m'y suis accroché. La marche est devenue non seulement un exercice bon pour la santé, mais aussi un exutoire, un synonyme de liberté. Devant tout ce qu'on prenait pour acquis, s'accrocher à cette activité est devenu vital afin de maintenir un esprit sain. Nous nous sommes fait retirer plusieurs chose qui nous faisaient du bien, ou le croyait-on. Mais qui avait réellement exploité la marche à son plein potentiel?

Étant un fan de randonnée le weekend, jamais il ne me serait passé par l'esprit d'aller marcher après le souper. Amateur plein air, j'ai ce besoin de sortir de la ville pour respirer l'air pur. La marche urbaine ne représentait pas tant d'attrait pour moi. Jusqu'à ce que je prenne le temps.

C'est en marchant qu'on remarque des choses qui n'auraient probablement jamais attiré notre attention autrement. En prenant le temps, on finit par remarquer que marcher stimule la créativité, favorise la méditation, énergise, détend, réduit le stress, est bénéfique pour l'humeur générale, favorise la digestion et j'en passe. Il y a là-dedans un petit quelque chose pour tous, peu importe la vitesse, la distance, le lieu ou la compagnie. Un remède miracle gratuit, toujours disponible? Peut-être bien.

***

La marche d'aujourd'hui n'a pas été aussi longue que je l'aurais souhaitée. Il ventait très fort à Lachine, près de la marina. Peu de gens s'y étaient risqués, contrairement au Parc Lafontaine de la semaine dernière. Mais chaque pas de ce moment passé avec mon fils était savoureux. Le vent nous faisait couler les yeux, le froid pinçait les joues, mais nos sourires en disaient long.

On a pu discuter de tout et de rien, des incertitudes actuelles, du temps qui semble s'être arrêté. On a pu aussi passer quelques moments en silence, à simplement être bien. On a vu des bernaches avec leurs petits, qui n'avaient que faire du froid de canard qui sévissait en ce 10 mai. Puis comme toute marche, elle nous a creusé l'appétit.



Le choix de l'osso bucco au citron était tout indiqué. Plat parfait pour la grisaille et le temps plus froid, c'est le type de plat auquel on ne pense plus à ce temps de l'année. Mais en ce printemps 2020, nous n'en sommes plus à une surprise près. En plus j'avais une belle bouteille pour accompagner ce mets. 

Le St-Pauls Pinot grigio n'a rien d'un pinot grigio simplet, mince et sans saveur. Ceux qui ont un préjugé dévaforable envers ce cépage n'ont probablement pas goûté à cette cuvée. Provenant de la région montagneuse du Trentino Alto Agige, dans le nord de l'Italie, ce vin blanc surprend par sa richesse et son onctuosité. Les notes de fruits blancs et de melon de miel dominent, supportées par une finale florale bien dosée. Sa puissance aromatique et son gras supporteront parfaitement les jarrets de veau au citron. 

J'en profite pour souhaiter bonne fête des mères à toutes les mamans de la terre. Santé!

***

Vin disponible en importation privée chez Sélect Vins, environ 24$.

dimanche 3 mai 2020

Le train - voyager intérieurement

J'ai grandi à Pointe Saint-Charles, dans le Sud-Ouest de Montréal, un quartier ouvrier où des paysans irlandais ayant fuit la Grande Famine s'y sont établis. Ils auront entre autre contribué à creuser le Canal Lachine.

Ceux qui viennent du coin vous le diront tous, le train fait partie intégrante du paysage urbain, tant visuel que sonore. Impossible d'y faire abstraction quand tu habites ici, le grincement strident, les wagons qui s'entrechoquent, le coup de frein, le sifflet. 

Plusieurs types de trains passent par ici. Certains transportent des passagers, mais plus souvent ce sont des trains de marchandises composés d'une variété impressionnante de wagons. Il servent de transport mais aussi de support pour les esprits créateurs d'art de rue. Alors que certains graffitis sont simplets, d'autres tiennent du chef d'oeuvre artistique.

J'ai toujours aimé les trains, tant y prendre place que les regarder passer. C'est toutefois lors de mon premier voyage en Europe en 1999 que j'ai saisi l'ampleur de la beauté que pouvait procurer un voyage en train. Pour la première fois, j'expérimentais la joie d'être de l'autre côté de la fenêtre. Plutôt que de voir défiler les wagons, ce sont les paysages qui sous mes yeux se succédaient.

Des vallées verdoyantes, des montagnes à l'horizon et des troupeaux d'animaux qui broutent. Des forêts, des cours d'eau et les ponts qui les traversent. Des enfants qui envoient la main, des voitures qui attendent que nous soyons passés et des fleurs de toutes les couleurs qui oscillent dans le vent. Des toits orangés en terre cuite, des nuages floconneux et des clochers d'église visibles de loin. Un festin visuel sans cesse renouvelé, bien installé sur une banquette.

***

L'ambiance de la gare mérite qu'on s'y attarde un moment. Des tas de gens, qui viennent de partout convergent en ce lieu. Des gens pressés et d'autres qui tuent le temps. Des habitués alors que certains cherchent leur chemin. Des gourmands qui profitent de la halte pour casser la croute. Des retrouvailles et des gens qui s'embrassent après tout ce temps sans s'être vus. Des larmes d'amoureux qui se quittent pour ce qui leur semble déjà une éternité. Une effervescence très divertissante pour l'observateur analytique que je suis. 

La gare est l'épicentre d'une multitude de possibilités, le noyau d'une étoile aux branches infinies.
Qui n'a jamais imaginé changer d'idée à la dernière minute pour aller vers une destination imprévue?
Chose certaine, ce n'est pas le choix qui manque. Et comme il y a du beau partout, le mauvais choix n'existe pas.

Nous ne sommes pas prêts de pouvoir voyager physiquement, mais il existe plusieurs façons de se transporter ailleurs. Les rêves sont gratuits et toujours possibles. Avoir la tête ailleurs n'a jamais été aussi pertinent et salutaire. Alors que tout est permis dans l'imaginaire, laisser valser ses idées allège le quotidien. Réflexions et introspections font également cheminer, nous permettant de nous découvrir chaque jour un peu plus. De retour de l'autre côté de la fenêtre, observant les trains qui se succèdent jusqu'à nouvel ordre, les voyages intérieurs deviennent une solution intéressante à exploiter.

***

On peut aussi voyager par la bouche. À cette ère où l'achat local justifié reprend lentement ses lettres de noblesse, nous avons tout de même la chance de bénéficier de produits qui viennent de partout dans le monde. Les épices disponibles dans les supermarchés et dans les boutiques spécialisées nous permettent de voyager dans nos assiettes. Du poulet au beurre, à la taboulé en passant par le pad thai, les fajitas et les patties jamaicains, un monde culinaire infini est à notre portée.

Le vin aussi nous fait voyager. Des centaines de cépages différents, des climats variés, des sols riches en minéraux, des techniques de vinification, des calendriers lunaires, des séjours en fûts sont autant d'influenceurs sur ce fruit magnifique qu'est le raisin, lui permettant de se vêtir d'une expression toute spécifique. 

Du voyage en bouteille, ça existe. Rapporter un vin dans ses valises permet, le jour de son ouverture, de revisiter le pays qui nous a accueilli, de revivre un moment passé avec des amis, de se transporter l'espace d'un instant à l'autre bout du globe. La mémoire olfactive est puissante. Les arômes d'un vin sont associés à des odeurs qu'on se rappelle: la confiture aux fraises de grand-mère, les clous de girofle dans les boulettes à Noël, le crayon de plomb fraîchement aiguisé, l'air salin de la mer. La combinaison des souvenirs est sans fin lorsqu'on plonge le nez dans un verre.

J'ai visité le Piémont, région du nord-est de l'Italie, en 2013. J'en garde encore aujourd'hui des souvenirs aussi vifs qu'heureux. Surtout reconnue pour ses vins rouges issus du cépage nebbiolo comme les Barolo et Barbaresco, c'est ici un blanc dont il est question. Doté d'une belle amplitude, le Gavi del Comune di Gavi de Villa Sparina a tout pour plaire. Droiture, longueur, volume, richesse, minéralité. Comme une caresse en bouche, il ne manque pas de matière. Des arômes de fruits exotiques n'empêchent pas la perception de la minéralité et sa finale persistante est supportée par une belle fraîcheur. En voyageant dans mes souvenirs, je me remémore les accords de circonstance avec les agnolotti au veau et champignons avec beurre de sauge et le classique vitello tonato.

Accrochons-nous à ces souvenirs, le temps que la crise passe. Revisitons nos rêves de voyages, parce qu'un bon matin on se réveillera et le train repartira. C'est alors qu'à bord, le sourire aux lèvres et le coeur léger, nous irons matérialiser nos idées et mettre la table pour de nouveaux souvenirs.

***

Ce vin est actuellement vendu en importation privée chez Select Vins, mais voyagera jusque sur les tablettes de la SAQ dès Novembre 2020.

dimanche 26 avril 2020

Le temps - recommencer à écrire


Ça fait 5 ans. 

Ça fait 5 ans que je n'ai rien publié dans ce blogue. Pas certain aujourd'hui de me rappeler pourquoi je l'avais mis de côté. Pourtant écrire a toujours été quelque chose que j'ai apprécié et qui m'a fait du bien.

Par manque de temps? d'inspiration?

Le confinement auquel on fait tous face a ça de bon qu'il nous libère du temps, des moments avec nous-mêmes. L'humain a horreur du vide, mais nous voilà limités dans nos options pour le combler.

Limités? 

Vraiment?

Les automatismes routiniers qui meublaient nos journées sont chamboulés en temps de confinement. La routine bousculée suscite des réflexions. 

Mais pourquoi ces réflexions étaient-elles si rares auparavant?
Trop peu de remise en question. Pas assez de recul. Trop peu de pauses dans ce quotidien où l’impression de courir sans jamais vraiment atteindre le fil d’arrivée est devenu la norme. 

Pas le temps.


Prendre son temps est un concept savant et sage mais peu appliqué. Tout va très vite. Trop vite. 

Cette crise serait-elle une opportunité incroyable? Combien ont fait du pain pour la première fois, se rendant compte qu'en l'achetant au marché, l'odeur qui embaume la maison n'était pas incluse? Combien se sont remis à la marche, à jouer de la guitare, ou encore à préparer des semences pour le potager?

***

Je suis retourné à mon condo en rénovation, dont le chantier est en arrêt depuis le début de la crise. Je me suis posé sur une chaise au soleil, sur ma terrasse sur le toit. 

Dans d'autres circonstances, j’aurais tout nettoyé, préparé la terrasse afin de recevoir des amis, je me serais dépêché à vouloir en faire le maximum pour éventuellement pouvoir en profiter une heure ou deux. 

Certes j’aurais été satisfait de mon accomplissement, mais aurais-je réellement apprécié le fond de l’air légèrement frais qui caresse la peau au soleil? Me serais-je attardé à écouter le chant des oiseaux qui gazouillent en cette saison de nidification? Les nuages fins à l’horizon m’auraient-ils fait penser à une touche de lait dans un café onctueux? 

Beaucoup trop à accomplir. Pas le temps.

Ce à quoi on accorde de l’importance est très personnel. Ce qui nous fait du bien est propre à chacun. Pour ma part, je me suis permis de laisser mon esprit dériver. Parce que parfois, lâcher le gouvernail mène le bateau dans des contrées insoupçonnées.

Pendant qu’une abeille volait autour, semblant encore un peu endormie, l’air a soudainement déplacé  une odeur de charbon de bois, ce qui m'a aussitôt fait saliver. 

Cette odeur si caractéristique m'a transporté en un clin d’œil à Cat Ba au Vietnam, il y a une vingtaine d’année. Au matin, les effluves du charbon embaumaient les rues. La vie s'activait.
L’idée de leur café matinal un peu trop sucré mais tellement réconfortant aidait déjà à appaiser mon état comateux. 

Ils le préparaient sur un feu de charbon et savaient bien cultiver le désir. J’avais l’impression que l’attente pour enfin tenir dans ma main ce liquide chaud et savoureux était interminable. J’avais même parfois l’impression que mon café était plus long à préparer que celui des locaux (et probablement plus cher, mais bon).

Déjà, j'étais conditionné à vouloir tout, vite. Parce que attendre, je n'en avais pas le temps.

Aujourd’hui je me rends compte que les souvenirs que j’ai de ces matins ne sont nullement rattachés à la lumière du matin, au nom de celui qui me préparait mon café, au sourire des passants ou encore à la couleur des fleurs en bord de route. 

Outre le goût du café, mon seul autre souvenir demeure l’attente. C’est bien dommage, peut-être qu’une expérience de confinement avant le voyage m’aurait permis d’apprécier tout le reste à sa juste valeur. Peut-être même au point d'oublier ce pourquoi j’étais descendu dans la rue.

***

Ce que nous vivons au printemps 2020 nous aura tous un peu changé. Dans ce chapitre de notre vie où on a l’impression de contrôler beaucoup moins de choses qu’avant, elle est peut-être là la plus belle leçon: s’apercevoir que le temps qu'on a dans une journée, c'est précieux.

C'est aussi facile de le gaspiller. Rêvasser, par un matin gris, à sirotter un café chaud en regardant pas la fênetre, n'est pas perdre son temps, c'est le vivre.

Prendre le temps de déguster un vin, d'en apprécier les arômes, d'être surpris par sa texture, de chercher des accords vins et mets possibles, fait aussi partie des plaisirs de la vie. 

En posant mon nez dans mon verre de Picpoul hier, alors que le soleil réchauffait l'âme, j'ai eu l'impression que la vie me souriait. L'Ormarine, ce vin blanc sec, affichait des notes de citron, de fleurs blanches et de craie à tableau.


Pendant qu'un Junco ardoisé ratissait la platebande, les arômes floraux et fruités aussi valsaient en bouche. L'accord soleil fraîcheur était à point. Facile sans manquer d'un certain volume, ce blanc était parfait pour l'apéro sans se limiter à cette option. 

C'est alors que je me suis mis à rêver de homard et que, le temps de penser à des recettes possibles, mon verre était vide. Pendant que j'analysais les arômes, je me suis rendu compte que ça fasait une éternité que je ne m'étais attardé à faire cet exercice en m'y consacrant pleinement. 

Le coeur léger, le sourire aux lèvres, j'y étais arrivé.

J'avais pris le temps. Merci d'avoir pris le vôtre pour vous rendre jusqu'ici.

***



samedi 19 avril 2014

Bienvenue chez Univins Agnès Paquet !!

DOMAINE AGNÈS PAQUET AUXEY-DURESSES 2011 (SAQ 11772946 - 27,95$) vin blanc sec


Je tiens à souhaiter la bienvenue à Agnès Paquet, nouvellement entrée dans le portfolio de Univins. Jusqu'à présent, cette maison était auto-représentée au Québec. C'est avec bonheur que je commence à découvrir ses vins en commençant ici avec son chardonnay de l'appellation Auxey-Duresses blanc (elle en produit aussi un rouge issu de pinot noir). 

J'ai passé la journée au chevet de mon fils Léo qui s'est mis à être malade à 5:00 am... hummm! gros weekend de Pâques en perspective! Je me suis dit qu'il fallait renouer avec les bonnes choses. J'ai mis deux bonnes heures à nettoyer le jardin du devant de la maison, un petit coup de râteau pendant que le petit était évaché, presque vert, sur le perron. 

Mais comme l'air frais et le soleil ont des vertus, je me suis mis à avoir soif et le petit lui, a tranquillement vu son apathie laisser place à la joie de vivre propre aux enfants. Un bon blanc se prêtait parfaitement à la situation, quelque chose de frais, de minéral. Moi qui venait de travailler la terre et qui croyez-le ou non amorcera la semaine prochaine avec la face rouge de homard (après tout on est presque en saison!) gracieuseté de ma pigmentation rousse irlandaise, j'avais besoin de vivacité, d'un vin désaltérant sans être trop facile, parce qu'il devait aussi me servir de vin de repas. Myriam revenait à la maison avec du flétan qu'on allait se faire simplement au BBQ avec du citron et des oignons rouges.

D'un jaune citron prononcé, ce chardonnay de Bourgogne affiche un nez à dominante de fruits blancs, comme de poire et de pomme golden, avec une belle minéralité et une pointe de fleurs blanches rappelant le muguet printanier. En bouche, un éclatante fraicheur, exactement ce que je recherchais. Surprise, pratiquement aucun arôme relié au bois, sauf peut-être trahi par sa texture ronde sans être grasse, ajoutant du volume mais aucune pesanteur. Un boisé bien dosé donc! Ce blanc moyennement corsé donc, mais bien polyvalent à table, même que sa fraîcheur lui donne un laisser-passer pour l'apéro. Le plan du souper était déjà fait mais la versatilité de ce chardonnay m'a donné d'innombrables idées d'accords. L'entrée de salade de crevette à la mangue et à l'aneth allait aussi bien que le flétan du plat principal.

Bref le genre de vin qui donne vraiment envie de découvrir le reste de ce que cette productrice a à offrir à la SAQ!

Joyeuses Pâques à tous!

Adam Drolet
adrolet@univins.ca
514-347-0245










vendredi 18 avril 2014

La magie des Chambolle Musigny 2011


DOMAINE TAUPENOT-MERME CHAMBOLLE-MUSIGNY 2011 (SAQ 11984308 - 67,00$) vin rouge sec

DOMAINE TAUPENOT-MERME CHAMBOLLE-MUSIGNY 1ER CRU LA COMBE D'ORVEAU (SAQ 11816371 - 121,00$) vin rouge sec 

C'est devenu un rendez-vous annuel, la visite de Virginie Taupenot-Daniel. Toujours inspirante et passionnée, cette productrice est également présidente de l'association Femmes et Vins de Bourgogne. À chaque fois que j'ai la chance de faire la tournée du marché avec elle, j'en apprends. La Bourgogne est unique au monde et possède une variété de terroirs que seules les années de dégustation peuvent permettre d'apprivoiser. Pourtant, plus on en apprend, plus on se rend compte qu'en fait il nous en manque beaucoup. La Bourgogne, c'est une multitude d'émotions, de visages, d'états d'âme. Si l'an passé j'ai compris Morey-St-Denis, cette année, j'ai compris Chambolle-Musigny.

Le Chambolle-Musigny village présente un nez à dominante de poivre rose, de cerises, avec un côté minéral bien à l'avant-plan. Un fruit présenté avec beaucoup de générosité et des notes épicées lui conférant un voile d'exotisme. De tous les vins que nous a présenté Virginie sur son millésime 2011 (St-Romain, Chambolle-Musigny, Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny 1er cru La Combe d'Orveau, Nuits-St-Georges 1er cru Les Pruliers), ce sont les Chambolle qui m'ont semblé offrir la prestation la plus complète. Appellation de finesse tannique, son appellation Village ne déçoit pas aux attentes: ça coule avec précision et minutie. Dès l'ouverture, c'est déjà tendre et accessible, malgré la jeunesse. 

"2011, ça donne des vins fins qui se donnent généreusement dès le début"
Virginie Taupenot-Daniel


On la sentait bien cette générosité sur le St-Romain 2011. On la remarquait même sur le Gevrey-Chambertin qui, d'habitude est plus austère en jeunesse. Un peu moins sur le Nuits-St-Georges qui m'a paru le plus fermé de la gamme, bien qu'il fût le préféré de plusieurs qui ont eu l'opportunité de le déguster au cours de sa visite. Je me suis surpris moi-même à préférer les Chambolle qui sur 2010 s'étaient bien présentés mais m'avaient semblé trop fermés et manquer la structure des Gevrey et des Morey.


Mais parlons du vin qui m'a scié les jambes: la Combe d'Orveau 2011, issu de vignes d'un âge moyen de 60 ans, d'une petite parcelle enclavée par les Musigny. Je m'étais fait des notes mentales de cette alliance de finesse et de complexité, mais comme une image vaut mille mots, imaginez mon visage avec le portrait suivant...

Anton Ego, le critique culinaire dans Ratatouille, le film animé pour enfants (... et adultes qui trippent bouffe comme moi!). Vous savez quand il prend sa première bouchée de ratatouille, ses yeux s'écarquillent, son visage ainsi que le reste de son corps se figent, il échappe son crayon puis, le flashback de son enfance... ben c'était moi, dans le backstore de la SAQ au coin de Pie IX et Ontario, sauf avec ma grosse face! Et comme j'étais pas assis comme Ego, mes genoux ont fléchi!
Ceux qui n'ont pas vu ce film, gâtez-vous!

Mais revenons au vin, parce que je n'ai toujours pas compris comment Virginie avait trouvé le moyen de concentrer autant de matière dans cette bouteille sans avoir l'ombre d'une fermeté de tannins. Au contraire, c'était de la dentelle, du crochet, un vrai travail d'artisan. Je n'ai même pas encore parlé d'arômes parce qu'encore sans mot devant cette oeuvre qui, 48 heures après son ouverture lors de notre soirée VIP à la SAQ Rockland, n'a pas bougée d'un iota. Frais comme la rosée du matin, de la poésie liquide.


Merci Virginie de prendre soin de ton terroir comme tu le fais. Des vins mémorables, vibrants, vivants et purs.

Adam Drolet
adrolet@univins.ca
514-347-0245