samedi 22 mars 2014

Une rareté en Bourgogne: un pinot blanc

BACHELDER, LES BAS LIARDS, SAVIGNY-LES-BEAUNE 2011 (SAQ 12089567 - 34,50$) vin blanc sec


Dans le monde du vin, on en apprend tous les jours. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il est important de rester humble. Hier après-midi, j'ai vu passer sur facebook un "post" d'un ami compétiteur qui affichait son Savigny à 100% de pinot blanc. J'avoue que j'étais excité et dubitatif en même temps. Excité parce que je suis toujours curieux, j'aime découvrir des nouveaux vins. Dubitatif parce que j'avais jamais entendu parler d'un cépage blanc autre que le chardonnay, l'aligoté et le sauvignon blanc (appellation Saint-Bris) en Bourgogne.

Eh bien effectivement, après avoir consulté les gars de la SAQ Angrignon, qui ont été jusqu'à me sortir le décret (bravo les boys!), ce fut confirmé: le pinot blanc est autorisé dans l'appellation. J'en ai embarqué 3 bouteilles, tout d'un coup que ce serait bon... 

Le verdict: magnifique!

D'un jaune presque doré profond, ce pinot blanc bouguignon (ça fait encore drôle de le dire) présente d'emblée au nez des arômes reliés au bois: des notes grillées/toastées, de beurre. Ça évolue ensuite sur le miel. Il était beaucoup trop froid, mais comme je suis pas très patient j'ai tout de suite osé une gorgée... fermé. Il fallait se calmer, le laisser respirer et surtout tempérer. C'est là que le fruit s'est donné: de la poire, de la pomme jaune, des notes d'amandes. Puis le voyage olfactif s'est poursuivi sur une belle présence de pêche blanche pas tout à fait mure et une dominante de cire d'abeille. Bref, de la complexité plein le nez et plein la gueule. Parce qu'en bouche aussi ça évoluait: beaucoup de matière, un vin dense à l'acidité plus faible qu'un jeune chardonnay de la même région, mais à point pour assurer l'équilibre. Et surtout, cette minéralité si typiques des vins la région, bien au rendez-vous même sur un cépage différent. Un boisé présent mais somme toute bien intégré et une finale fraîche et pleine de volume.

Je rêvais alors (j'avais très faim mais ce n'est plus un argument dans mon cas...) d'un poulet au beurre indien, d'un risotto à la courge musquée ou encore d'une poitrine de dinde rôtie pour l'accompagner.

Myriam et moi l'avons pris à l'apéro, puis remis le bouchon et hop au frigo. Je le redéguste au moment d'écrire ceci et il n'a absolument rien perdu. Peut-être s'est-il même bonifié... Je vais coucher les deux autres pour 2-3 ans.

Je pouvais pas m'empêcher de lancer une petite flèche à la revue cellier qui affichait le cépage chardonnay, ils devaient être aussi incrédule que moi lorsqu'ils ont su qu'ils s'étaient gourrés! Je suis persuadé que ceux qui lisent assidûment cette revue aurait aimé que cette particularité soit soulevée. Ah oui, pis c'est 13% d'alcool, pas 12,5%...

Je ne pouvais terminer ce billet sans lever un verre à la mémoire d'un Grand Conseiller en vin de la SAQ qui nous a quitté hâtivement cette semaine, laissant un sentiment de consternation autour de lui. Yves Beauchemin, tu as été un de mes mentors dans le monde du vin. On a travaillé ensemble à la SAQ de l'Île-des-Soeurs et je t'ai côtoyé comme représentant par la suite. Je n'ai jamais rencontré pareille encyclopédie vivante, animé par la passion et l'histoire derrière l'étiquette. Il y en a pas assez des comme toi, d'une générosité et d'un dévouement hors pair. Merci pour toutes ces belles années Yves avec tes expressions préférées: "C'est ça le jeu", "la joke typique", "Cours d'un bord, cours de l'autre"... Merci!

La vie est courte et fragile, profitez-en!

Adam Drolet
adrolet@univins.ca
514-347-0245