dimanche 20 janvier 2013

Un trésor de Provence


CHÂTEAU PRADEAUX BANDOL 2000 (SAQ 851758 - 36,75$ millésime 2006 actuellement disponible à la SAQ) vin rouge sec

Cette bouteille m'avait été donnée par ma mère il y a plusieurs années, elle qui revenait d'un voyage en France. Elle m'avait dit d'oublier cette bouteille dans le fond de mon garde-robe qui me servait de cellier à l'époque. C'est ce que j'ai fait non sans difficulté, parfois c'est l'abondance dans la réserve de vin, mais parfois c'est la sécheresse. Plusieurs canons sont tombés au combat sans avoir eu la chance d'atteindre leur pleine maturité, mais le Château Pradeaux 2000 a su résister aux multiples réceptions des dernières années. Jusqu'à hier...

Ce vin est composé de mourvèdre à 95%. D'ailleurs l'appellation Badol exige un minimum de 50% de ce cépage qui jouit des conditions idéales pour arriver lentement à maturité dans ce coin de Provence. Le vignoble est orienté vers le sud et donc aussi vers la Méditerranée. Le vent marin contribue à tempérer l'air et ainsi empêcher les fruits de cuire au soleil. Les sols argileux permettent une rétention d'eau réduisant le stress hydrique des ceps. Bref, ce cépage venu d'Espagne a véritablement réussi à trouver sa niche parmi les cigales. On l'utilise aussi sous la même appellation pour en faire de délicieux rosés. J'en aurai d'ailleurs un à vous présenter ce printemps lors de la sortie des rosés de spécialité par la SAQ. Mais revenons à celui-ci en rouge, dont les 5% résiduels sont issus du Grenache.

Visuellement en jeunesse ce sont des vins très colorés et opaques, mais l'évolution de celui-ci lui amène de la brillance et des reflets un peu tuilés. Le nez est magnifique et très complexe. De plus il continue à évoluer au fur et à mesure que le vin s'ouvre. La palette aromatique est composée d'un bouquet d'herbes de Provence séchées, de pruneaux, de fenouil, de cuir frais, de tabac et de vieux balsamique. Il faut avoir goûté des vins évolués pour apprécier toute la puissance possible dans autant de finesse. De doux tannins complètement fondus, mais avec encore une belle acidité. Je vois mal comment ce vin pourrait encore se bonifier sans perdre ce fruit si mûr et tomber dans des arômes tertiaires. C'est soyeux et riche, comme une couverture en polar sur le bord du feu l'hiver. Cette texture veloutée en bouche est complètement renversante. On déguste, on ne parle plus, on tombe dans la lune. On se regarde tous, on sourit, on est bien. Le crescendo gustatif se termine sur une petite note cuite amère d'olives noires séchées au soleil.

Merci maman pour ce chef d'oeuvre. Merci Pascal et Mélissa pour ce super sanglier au cacao et aux porcini. Le match parfait pour récompenser la patience si souvent mise à l'épreuve qui nous a permis de déguster ce jus à son plein potentiel.

À quand le Bandol vendu en primeurs?

Adam Drolet
adrolet@univins.ca
514-347-0245


2 commentaires:

  1. Bonjour Adam!

    Tu as une belle plume. Tu sais comment inclure des détails informatifs et ce, dans un style fluide et agréable. On voit que tu connais bien ce dont tu parles et on y décèle ta passion.

    Yves Mailloux

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    1. Hey Yves,

      content de savoir que tu apprécies. J'aime bien écrire, même si parfois je ne peux y mettre autant de temps que je voudrais. Ça me permet aussi de construire un cahier de dégustations et de faire quelques recherches pour approfondir des sujets, ce que je ne serais pas nécessairement toujours porté à faire. Puis, si les gens apprécient, c'est la plus belle paye du monde!

      Merci pour tes bons mots et au plaisir de se revoir bientôt!

      Adam

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